« Vers L’Orient. Géographies d’un désir », de Christine Peltre
Dans le sillage de L’Orientalisme d’Edward Saïd, les études postcoloniales ont mis en évidence la couche de « pittoresque » contenue dans les images des peintres occidentaux de l’Orient, au point que certaines d’entre elles pourraient s’assimiler à des images d’Épinal. Selon cette perspective, l’Europe aurait considéré la Méditerranée et le Proche-Orient à l’aune de sa propre fascination, à la fois quête des origines, appel de l’ailleurs, fantasme de sensualité et déprédation symbolique. Cela posé, quelles sont les conséquences d’un tel dessillement sur l’art et sur l’histoire de l’art ?
Elle-même amenée à s’y rendre pour prendre part à des colloques, l’auteure, au fil d’échanges avec des collègues étrangers, de rencontres avec des artistes et de déambulations urbaines, met à l’épreuve de la réalité le cadre académique de ses réflexions et son regard « orienté ». Délicat exercice de décentrement, qui consiste moins à laisser le réel d’aujourd’hui dompter les fantasmes d’hier qu’à concilier la rigueur scientifique, la probité de l’observation et « cette voix lancinante qui s’élève vers l’inaccessible » et qui continue de résonner aux oreilles du voyageur.
Dans un dialogue sensible avec les grands témoins de « notre » Orient – Delacroix, Gautier, Hugo, Fromentin, Flaubert, Loti… – et les recherches artistiques et universitaires actuelles, Christine Peltre combine essai érudit, récit de voyage et autobiographie intellectuelle.
Christine Peltre est professeure émérite d’histoire de l’art contemporain et membre de l’UR 3400 Arts, civilisation et histoire de l’Europe (Arche) de l’Université de Strasbourg.
Editions L’Atelier contemporain, Strasbourg - Collection « Essais sur l’art » - ISBN : 978-2-85035-053-5 - 146 pages